L'Anomalie

L'Anomalie

L’écrivain… et ses doubles. L’Oulipien (beaucoup d’indices dans son texte) Hervé Le Tellier s’amuse avec une réalité dont il questionne l’absurdité. Du haut de son âge et sans jamais faire le vieux con (quelle culture pop !), il contemple nos vaines existences, en déduit que le bonheur est probablement l’apanage des ignorants.
Les passagers d’un avion ont un point commun qu’on ne révèlera pas et qui m’a rappelé le vertigineux Pasternak dans le film « Les Nouveaux Sauvages ». Et puis se produit l’improbable, ce que les religions ne tolèrent pas, ce que la science n’explique pas, au point de convoquer tous les grands esprits à la table d’un crétin devenu président (passages jouissifs sur Trump et le cirque médiatique américain).
On suit une dizaine de passagers dans leur vie, dans leur vol, vers l’inconnu. Le Tellier se glisse dans Leur peau, offrant ainsi son miroir informant. C’est bien lui, l’homme qui s’inquiète de vieillir, peut encore séduire, critique le microcosme littéraire, espère gagner un prix.
C’est un roman intelligent, à tiroirs, qui mérite plusieurs lectures tellement il renferme de richesses. Oh bien-sûr, il y aura bien un peine-à-jouir pour dire que Bernard Werber s’est invité dans la collection blanche. Qu’il aille au diable ! Car l’écriture de Le Tellier est maîtrisée, son propos passionnant. Tout sauf une anomalie.
Rien à reprocher donc, sinon l’effet que nous fait une production hollywoodienne (dont il se moque) : virtuose dans l’installation de l’intrigue et un peu moins rythmé dans sa résolution (exemple typique : Men In Black).
Bilan :  🌹🌹

Ce qu'ici-bas nous sommes

Ce qu'ici-bas nous sommes

Autoportrait en chevreuil

Autoportrait en chevreuil