Le livre de Kells

Le livre de Kells

Je me suis ennuyée dans les pas du vagabond Kells, au demeurant très attachant. Son errance combattive augurait de grandes émotions ; elles sont rares (exceptions pages 128, 171).

C’est une impression de répétition qui domine. Kells tourne en rond, le lecteur avec lui : ses interminables galères puis ses réunions avec des gauchistes qui hésitent à passer à la lutte armée plutôt que de distribuer le petit livre rouge du grand timonier (« être maoïste, c’est être le plus à gauche possible »). Spectateurs de leurs doutes, on doit admettre qu’à leur époque (années 70), on savait se battre pour des idées, voire des idéaux. On ne vandalisait pas le mobilier urbain pour le plaisir.

Ce récit est bien documenté. On y apprend que, plus on se tait plus on effraie, qu’il est prudent d’avoir des clefs sur soi pour donner le change aux gendarmes ou qu’il faut écrire LSD sur sa main dans le but d’informer la bonne âme qui vous repêchera au fond du caniveau. Le long passage consacré au trip de Kells (chapitre 7) m’a d’ailleurs peu convaincue. Partager son expérience de la drogue en images ou en mots relève de l’impossible. À part Gaspard Noé et son « Enter the void », les tentatives s’avèrent hermétiques.

Le livre refermé, je me suis intéressée à la quatrième de couverture et j’ai découvert que le vagabond était Chalandon lui-même. Cette information me rendait-elle plus indulgente ? Les passages que j’avais trouvés didactiques en devenaient-ils plus digestes ? Pas vraiment, le témoignage l’emporte sur la fiction, la justesse du contenu s’en trouve simplement justifiée.

Avec ses souvenirs de jeunesses, souvent désuets, l’auteur illustre sa trajectoire de la rue au journal Libération : « je devais passer des poings dans la gueule aux points d’exclamation ».

Appréciation :🌹

La nuit au coeur

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