Passagères de la nuit

Passagères de la nuit

Il fut une époque où la couleur de peau vous rangeait dans une case (pas certaine que la donne ait changé). La carnation promeut ou stigmatise. Difficile de passer outre quand un simple regard disqualifie de la course au bonheur (« Elle portait la couleur noire de sa peau comme un chagrin sans nom »).

Dans ce contexte, le métissage apporterait presqu’une nuance, une touche d’espoir. Ambigu sauf-conduit, il absout autant qu’il trahit : si tu as la peau claire, c‘est que ta mère a couché avec l’homme blanc certes, mais cela signifie aussi qu’il t’a estimée digne de lui.

Le fardeau est lourd aux Antilles esclavagistes. Être femme, comme être noire, vous prédestine à la peur et au malheur (« Les hommes sont comme les malfinis qui attaquent les poulaillers »). Il faut échapper au maître qui détient tous les droits dont le plus sacré, celui de prendre la vie : « Seul ton masque doit te servir. Alors, tu te conditionnes à être impassible. Tu es un mur blanc sur lequel rien n’est écrit, donc le maître ne peut y lire ce qu’il croit savoir ».

L’écriture est enlevée, élégante, racée si j’ose dire (très belles pages 37, 53 et 73). La teinture donnée par les mots créoles ajoute à sa beauté même si l’auteure en abuse par endroit, comme s’il fallait souligner la géographie du récit.

J’ai eu du mal à passer d’une partie à l’autre. Est-ce la faute des transitions trop rapides, des possibles confusions entre les personnages ? En tous cas mon attention a baissé et c’est dommage, parce que l’amour d’Élizabeth pour son général d’amant est magnifiquement conté.

Appréciation : 🌹

Le livre de Kells

Le livre de Kells