L'homme que je ne devais pas aimer

L'homme que je ne devais pas aimer

Le livre que je ne voulais pas lire.

Parce que son auteure représente (représentait ?) un aréopage complaisant et bienveillant dont l’enthousiasme de principe annihile tout esprit critique. Mais je n’érafle jamais sans avoir lu. Je m’y suis donc collée, consciente qu’Instagram est le « The Voice » de la littérature : il en sort un peu de bon, et beaucoup de mauvais.

Je m’attendais à un récit télé-réalité où Agathe Ruga nous parlerait de son homme, père parfait, amant fabuleux, mari irréprochable. Mes couteaux étaient sortis.

Sauf que : la bougresse aux yeux verts-bleus m’a prise à revers.

Ce roman n’est pas un poncif sur le bonheur conjugal mais le cri de liberté d’une femme décidée à briser son destin programmé de femme attentive et de mère de famille dévouée (belles pages 103, 109, 126). Le cri est d’autant plus fort qu’il est l’écho d’une enfance. Sa mère, elle aussi, s’est résolue à vivre ses passions jusqu’au bout. C’est le pouvoir des gènes (« C’est le schéma que j’ai appris : celui avec lequel je suis le plus à l’aise : une mère, sa fille, un beau-père »).

La passion consume. Lui, Sandro, l’Italien, mauvais garçon, irrésistible, le genre de mec que les femmes désirent (« Tu te proclamais diable et tu n’étais que tendresse »). Elle, la bourgeoise rangée qui s’encanaille (« Je voulais écouter du rap opaque dans des bras déraisonnables »). Ils incarnent un couple impossible, entre convenances et démesure.

On pourra reprocher à l’auteure de s’abandonner à l’autofiction par manque d’imagination. Qu’importe, son récit d’une obsession emporte tout sur son passage.

Agathe m’agace. Mais son deuxième roman, par sa spontanéité et sa sincérité, est une réussite. Je suis impatiente de découvrir le prochain – peut-être dans un registre plus fictionnel, moins intimiste ?

Bilan : 🌹

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