Panorama

Panorama

Ce qui m’intéresse dans la dystopie, c’est qu’elle oblige son auteur à construire une histoire qui soit la plus crédible possible, malgré l’inconnu. Il n’y a pas d’échappatoire.

Dans le futur inventé par Lilia Hassaine, la transparence est de rigueur. Les citoyens modèle habitent des vivariums, des maisons de verre « XPUR » exposées aux regards de tous. On s’observe, on se contrôle, on se félicite de n’avoir rien à cacher. C’est à ce prix que la démocratie triomphe et que le crime pourra disparaître, quitte à produire des effets pervers (« L’utopie d’une société sans secrets nous condamne au mensonge »).

Une minorité résiste, préfère les ilots perdus des banlieues (une version revisitée de nos cités contemporaines) aux résidences aseptisées et surveillées, version paroxysmique d’un jeu de TV réalité. Ces rebelles lisent, écrivent, font du rêve et de l’imagination une règle de vie (« le poétiquement correct ») et de l’imperfection un principe d’humanité.

La commissaire Hélène mène l’enquête. Pour quelle raison la famille Royer-Dumas a-t-elle disparu du paisible quartier de Paxton ? L’énigme et sa résolution, assez pauvres, ne font pas l’intérêt du livre, à mon sens.

La dystopie envisage l’apocalypse et tout autant que le poison, elle fournit l’antidote. L’auteure a de belles intuitions comme les versions modérées des livres (p50), le rôle salvateur de la photographie argentique (p98), les nouvelles bulles qui se forment autour d’adolescents toujours plus amorphes (pages 162 et 188) ou le triomphe létal du conformisme et du rigorisme (p168).

Un roman d’anticipation qui fait écho à l’inégalée série « Black Mirror » mais qui n’a jamais le charme d’un livre de la référence absolue : l’insuffisamment célébré René Barjavel.

Bilan : 🌹

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