Âpre coeur

Âpre coeur

Une petite merveille ! À propos de “Âpre coeur”. Ça commence dès la première page, une vraie claque, cette manière d’emporter le lecteur dans la vie des protagonistes. Un rythme, une candeur, une fraîcheur, une inventivité, qui ne se démentent jamais par la suite. Qu’est-ce qui fait la force d’une fiction littéraire ? Ce sont les détails crédibles, car écrire un roman consiste à rendre l’imaginaire le plus réaliste possible. Jenny Zhang maîtrise cet art à la perfection. Exemple : comment expliquer que le couple est humble et pauvre ? En précisant que le père (travaillant la nuit) et la mère (le jour) s’échangent la même paire de chaussures. Dans ce livre, la langue est au service des émotions, comme cette page 56 où des lignes entières de “non” ponctuent le désarroi d’une des héroïnes. Toutes les deux pages, on tombe sur des pensées touchantes ou fulgurantes, exprimées avec bon sens ou poésie comme ce moment où le papa évoque Dieu: “Dieu, c’est l’argent, m’a dit un soir mon père après avoir claqué la porte à des témoins de Jéhovah. Dieu, c’est avoir des médicaments quand tu es malade, c’est des bébés qui ont une chance de parvenir à l’âge adulte”. Ici, il y a ces passages étonnants où, au milieu d’une situation dramatique, les parents apostrophent leur fille avec des qualificatifs doux-amers (ma petite tarte aux prunes acides). Et là, des insultes, combinaisons improbables de syntaxe chinoise et d’efficacité anglo-saxonne, traduites ensuite en français. Le résultat est souvent désopilant. La relation entre les membres de ces familles d’immigrés chinois installés aux USA sont finement décrites, jusque dans leurs excès. On vit leurs calvaires, leurs disputes, leurs doutes, leurs bonheurs éphémères, leur difficile ascension de l’échelle sociale qui résume, à elle seule, une certaine idée de l’Amérique. Merci mille fois @editionspicquier de nous offrir cette perle rare. Amies lectrices, amis lecteurs, foncez !

Bilan : 🌹🌹🌹

Une chose sérieuse

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Yellow birds

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