Tristan et Iseut

Tristan et Iseut

De temps en temps, cela change (soulage ?) de s’éloigner du roman et de notre époque tourmentée. J’ai donc choisi cet essai de l’Académicien Michel Zink consacré à Tristan et Iseut. Précédée par celles de Didon et Énée ou de Pyrame et Thisbé, leur histoire (12ème siècle) d’amour a fortement influencé la littérature et la culture populaire, de Roméo et Juliette à Wagner, en passant par Lancelot du Lac et Guenièvre.

Résumons les faits : le roi Marc envoie Tristan chercher Iseut la blonde qu’il veut épouser. En chemin, Tristan et Iseut absorbent un breuvage qui les rend fous d’amour. Pour le vivre pleinement, ils n’auront d’autres choix que le mensonge et la fuite, jusqu’au drame final.

Qu’est-ce qui rend cette histoire originale, référentielle et fondatrice de bon nombre de thématiques de la littérature contemporaine ? L’usage de la ruse d’abord. On est loin des amours pures et innocentes. Il n’est question que de stratagèmes - Choderlos de Laclos ne l’a pas renié. L’amour vu comme une infection, ensuite (« on peut l’attraper on ne sait comment »). Sans la potion (le poison), rien n’eût été possible. Ils tombent amoureux comme on tombe malade et de leurs maux surgissent toutes les calamités. L’adultère et la passion charnelle enfin, force motrice et dévastatrice (« Tous les personnages sont poursuivis par l’image insupportable d’une jouissance dont ils sont exclus »). Au grand dam de l’Église, voilà deux tourtereaux qui font fi du péché et forniquent tant et plus.

Cet amour est digne d’intérêt, universel. Parce que les amants se désirent une fois les effets de la potion passés et que leur amour, comme l’explique si bien Michel Zinc, est aussi fondé sur la souffrance partagée.

Il y a une grande modernité dans cette histoire. Elle interroge le lecteur commun qui « se fait une trop haute idée de l’amour pour accepter qu’il soit produit par une drogue et que sous cette excuse, il puisse tout se permettre ».

Une chose est certaine : « les règles de l’amour ont changé mais son angoisse et sa folie demeurent ».

Bilan :🌹

La fille de l'ethnographe

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