Valide

Un soir de déprime (seulement ? suspense…), Christian se confie à la plateforme numérique qui gère sa vie et celle des citoyens de cette dystopie où les écarts de comportement sont proscrits. On comprend que le monde a changé, qu’un vent rétrograde a soufflé sur la société, que la rébellion est y réprimée.

Ce roman raconte la transition et la transformation de Christian en Christelle (beaux passages aux pages 85-87, 91 et 133-135). Je ne suis pas une militante de l’écriture inclusive et pourtant, je dois avouer qu’après lecture de ce récit où l’auteure explique sa lutte, l’abolition du genre et l’usage de ciel (quel joli mot) ne m’indisposaient plus. On aurait tort de réduire ce roman autobiographique à un coming-out, au cheminement d’un homme devenu femme, à une quête de reconnaissance et de « validation ».

Il y a une autre dimension dans ce livre, une interrogation puissante sur un monde géré par des calculs numériques et qui s’évertue, par ses renoncements et ses raccourcis, à nous simplifier, jusqu’à nous faire oublier nos différences et nos aspérités. En cela, la parole du transgenre est symbolique. D’ailleurs, entre l’assistant vocal (David) et Chris, c’est un dialogue de sourds (« Pour devenir celle que je sentais être, il fallait que je me déprogramme. Heureusement, un jour, mon système s’est emballé »). 

Cet affrontement pose, en creux, une question fondamentale : que se passe-t-il quand on confie sa vie à un algorithme ? On perd trois choses essentielles : la connaissance, la propriété de sa mémoire et son esprit critique. On égare surtout son identité. 

Ce livre est à placer au panthéon des témoignages transgenre, aux côtés de l’extraordinaire discours de Lana Wachowski (Matrix, Sense8) aux HRC Visibility Award de 2012.

Bilan : 🌹🌹

Tristan et Iseut

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Connemara

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