L'amour

L'amour

Ça embaume la Suze et la Gauloise qui se consume dans un cendrier Cinzano. On lit France Dimanche. On écoute Claude François sur Europe 1. On roule en Simca. On s’habille en orange. Le président Pompidou vient de mourir, on est en 1974, Jacques et Jeanne fricotent.

Ils se marièrent, vécurent heureux et n’eurent qu’un enfant, Daniel.

L’amour n’est pas une course endiablée, c’est un marathon. L’amour conjugal, du moins. On n’épouse pas quelqu’un pour ses qualités, mais pour ses défauts. Au début, ils émeuvent, au fil du temps, ils exaspèrent. Le ciment d’un couple est fait de cette tolérance mutuelle (formidables pages 63-73).
Tout en étant légère, presqu’insouciante, l’écriture de Bégaudeau fait passer des émotions, vraies et fortes. J’aime quand l’auteur prend à revers (« Il est allé à l’enterrement de la femme d’un copain dont la R6 est rentrée dans un poteau électrique à l’entrée de Saint-Julien. La bagnole est morte aussi ») ou qu’il se joue des expressions que nous rabâchons à longueur de journée.

Lire le roman de François Bégaudeau, c’est comme revoir un film en super 8 et s’étonner qu’on y fume comme des pompiers, qu’on y boive comme des trous, qu’on y mate allègrement les filles et que personne ne s’en offusque. Ça vous fige une époque. Les anciens réalisent que c’était vieux avant. Les jeunes, le sourire en coin, disent qu’en vrai, c’était « chanmé ».

En ce qui me concerne, la tristesse a éclipsé la nostalgie. J’ai eu l’impression de voir mes parents se faner au fil des pages.

Un beau roman sur l’amour d’un couple qui traverse les années, guidé par la complicité qui les unit.

Bilan :🌹🌹

Triste tigre

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L'abîme

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