Les choses que nous avons vues

Les choses que nous avons vues

Un bon sujet d’actualité ne fait pas toujours un bon roman. Le livre d’Hanna Bervoets en apporte la preuve. 

Ça partait pourtant très bien. Des jeunes désargentés se font employés par le sous-traitant d’un GAFAM. Leur job ? Modérer les commentaires abusifs et protéger les CP, c’est-à-dire les « Catégories Protégées » que sont les gays, les femmes, les musulmans et parfois les hétérosexuels. Le fil de l’acceptable est ténu, le contenu regardable codifié. On « marche sur des yeux ». Exemple ? On ne peut pas dire que « tous les musulmans sont des terroristes » car les musulmans sont une CP. En revanche il est possible d’affirmer que « tous les terroristes sont des musulmans » (même si c’est faux) par ce que les terroristes ne sont pas une CP. Vous saisissez la nuance ? Ce mode d’emploi, parfois déroutant, souvent vertigineux, est très bien expliqué (pages 18-19, 83). Il constitue l’unique intérêt du bouquin car il montre l’envers d’un décor dans lequel nous évoluons sans le connaître.

L’histoire d’amour de l’héroïne, elle, est banale, expédiée, parasitaire. Quant aux joutes verbales entre les jeunes, elles tombent rapidement dans le cliché.

Visionner des humiliations, des mutilations ou des exécutions à longueur de journée a de quoi rendre fou. L’auteure évoque le sujet, mais de manière superficielle. Il y avait pourtant matière à de très intéressants développements. C’est d’autant plus frustrant qu’on nous présente Hanna Bervoets comme une écrivaine capable de passer aisément de l’essai au scénario. « Les choses que nous avons vues » n’est ni l’un, ni l’autre.

Bilan : 🔪

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